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Bol Tibetano

 

Bol tibetano

 

BOL TIBÉTAIN

 

1.Origine du bol.

Quand on parle de «Bols Chantants», s’il s’agit de pièces anciennes, les plus recherchées, on se réfère généralement aux bols tibétains. S’il s’agit de pièces modernes, on se réfère aux bols fabriqués actuellement au Népal, en Inde, au Japon ou en Corée.

En Asie, l’usage d’objets « sonores » à des fins autres que le simple plaisir de la musique remonte à la plus haute antiquité. Vers le XXème siècle av. J.C., les premiers empereurs chinois avaient un droit de préemption sur les plus belles « pierres sonores », souvent du jade, qui produisaient en les frappant un son dominant. Des fouilles archéologiques attestent qu’en Chine, dès le VIème siècle av. J.C., étaient produites des cloches de plus de 50 kilos dites « deux tons » . Elles produisaient deux notes différentes selon l’angle de frappe, ces deux tons en harmonie pouvant être produits simultanément.

C’est plus tardivement, vers le Vème siècle avant J.C., que l’on trouve les premières traces de bols chantants, les « bols jaillissants chinois ». Remplis d’une quantité d’eau précise, ces bols de bronze comportaient deux poignées disposées symétriquement sur les bords, que l’on frottait de la paume des deux mains, produisant alors le jaillissement d’une fontaine ainsi qu’un son sourd et bourdonnant.

On possède très peu de renseignements sur l’usage réel des bols chantants. Jusqu’à une époque récente, ils étaient considérés comme de simples écuelles alimentaires ou, d’après des voyageurs plus curieux ou plus insistants, comme des bols à offrandes. Les moines interrogés à ce sujet expliquaient que les offrandes disposées dans des bols au son harmonieux étaient plus agréables aux dieux.
Certains voyageurs plus au fait des traditions, à l’esprit plus ouvert, soupçonnaient néanmoins que la vérité était plus complexe.

En fait, l’utilisation des bols chantants ne relève pas des pratiques bouddhistes, mais trouve son origine dans le Chamanisme Bôn (Bôn Po). Suivant les routes des caravanes, le Chamanisme originaire de Mongolie s’était étendu vers le Sud, tandis que le Bouddhisme venu d’Inde traversait l’Himalaya vers le Nord. La rencontre de ces deux courants donna naissance au Tibet au mouvement animiste-chamaniste de Bôn.

Deux tendances se dessinèrent, coexistant pacifiquement : le Lamaïsme, essentiellement bouddhiste, teinté de croyances bôn, et le Culte Bôn proprement dit, un chamanisme issu du bouddhisme. Les premiers, majoritaires, portent le « bonnet jaune », c’est le groupe auquel appartient le Dalaï-lama. Les seconds portent le « bonnet rouge ». On sait que les chamans de Mongolie, lors de cérémonies, utilisaient des crânes ou des calottes crâniennes humaines en tant qu’instruments de percussion. Certains bols très anciens présentent des évasements dont on pensent qu’ils s’inspirent des irrégularités présentées par les orbites. La présence des bols chantants au sein des lamaseries ne pouvant être niée par les moines, ces derniers préféraient garder le secret sur leur utilisation « magique », et prétendre qu’ils ne servaient que de « bol à offrandes » ou d’écuelle alimentaire.

Les bols traditionnels ne sont plus fabriqués depuis une cinquantaine d’années. On sait qu’il en existe encore sur le marché, mais on les trouve de plus en plus difficilement.  Au Népal et en Inde, on a repris la production de bols dits « à simple paroi », généralement en cuivre. Malheureusement, lorsqu’on les compare à des bols anciens, on se rend compte que leur qualité n’approche en rien les authentiques bols himalayens. La différence est la même qu’entre un violon neuf, fabriqué industriellement, et le même instrument réalisé au XVIIIème siècle par un Maître Luthier.

On ne connaît presque rien des techniques de fabrication qui étaient utilisées. A vrai dire, on a du mal à simplement savoir QUI fabriquait les bols chantants. Deux théories semblent plausibles, liant la fabrication et l’utilisation des bols.
La première, la plus ancienne, est généralement prônée par les moines tibétains « Bonnets jaunes ».
Selon eux, bols à offrande ou écuelles alimentaires, ces objets étaient fabriqués par des moines dans les lamaseries ou par de simples artisans. Dans ce cas, quelques questions se posent :
- Sur de nombreux bols anciens, on note des reprises, des ajouts, différentes interventions dont le but ne vise que la correction des sons produits. Pourquoi ce travail 
 long et laborieux, et surtout quelle est l’utilité du son produit par les bols ?

- Comment se fait-il parmi les moines que nul n’ait le souvenir des méthodes de fabrication ?
- Pourquoi utiliser des alliages nécessitant autant de travail, alors que le simple bronze et le cuivre sont aussi plaisants à l’oeil ?

La deuxième théorie, plus récente, prend mieux en compte la coexistence des courants chamanistes et bouddhistes dans la Chaîne himalayenne. Selon celle-ci, les bols étaient fabriqués par des Chamans Bôn, ermites et nomades, les moines des lamaseries se contentant d’utiliser les pouvoirs des bols au cours de cérémonies rituelles ou de méditations, et d’exploiter leurs vertus thérapeutiques.

Quelle que soit l’origine des bols chantants, diverses utilisations sont avérées :

Bol à offrandes : les bols chantants sont présents dans de nombreux temples au Népal ainsi que dans les rares lamaseries tibétaines qui n’ont pas été détruites ou pillées par les chinois.


Ecuelle alimentaire : Les femmes enceintes, au Tibet, mangeaient dans ces bols. Comme on a noté, en Europe, que l’utilisation de plats et de casseroles en fonte apportait une supplémentation alimentaire en fer, de même, on peut supposer que l’apport des différents métaux dont sont composés les bols permettait de renforcer l’équilibre en minéraux.

Ustensile médical : Les lamas-médecins utilisent les bols comme outil de diagnostic aussi bien que thérapeutique. Ils font résonner les bols, posés sur les parties du corps à traiter, pour rétablir l’harmonie. 

Instrument de méditation : L’intensité de l’expérience, tant au niveau du son qu’à celui des vibrations, permet de « déconnecter » le mode de pensée rationnel et intellectuel au profit du « ressenti ». L'expérience du bol chantant est un « raccourci » permettant d’accéder plus rapidement à la vacuité, au sens bouddhiste, au « non-être » qui permet d’atteindre le non-vouloir et par là l’Illumination.


Instrument de « réalisation sp
irituelle » : Les 7 métaux employés correspondant aux 7 chakras, l’utilisation des bols est réputée aider à l’ouverture et au rééquilibrage des chakras pour libérer la Kundalini, puissante énergie vitale lovée dans le premier chakra .

2. Comment les bols chantants étaient-ils fabriqués ?


En l’absence de témoignages directs et de documentation sérieuse, il est relativement difficile de retrouver quelles étaient les techniques de fabrication.
En se reportant aux techniques avérées dans cette partie du monde, on peut penser que la forme des bols était obtenue par martelage à froid, à partir d’une plaque de métal. Le métal en fusion était versé sur une pierre plate, puis, après refroidissement, travaillé avec un marteau et un tampon pour obtenir une forme ronde. Le métal était alors étiré au maximum de son point de rupture. Les marques et les gravures étaient travaillées au poinçon. Sur certains bols, on note des réparations apparentes, des traces de limage et des irrégularités. Cela correspond à la phase de « mise au point », pour affiner la qualité du son produit.

Pour chaque bol commandé, une série était fabriquée. Si le son était qualitativement identique pour tous ces bols, il existait de subtiles variations de l’un à l’autre, notamment dans les tons supérieurs. Ceci explique qu’en dépit de l’arrêt de la fabrication des bols authentiques, le marché ne soit pas encore totalement tari. On ignore tout autant des méthodes utilisées pour calculer la sonorité et régler le son des bols. Des négociants occidentaux s’évertuent à repérer pour en faire le commerce, des bols formant des séries cohérentes pour nos oreilles. En général, les séries qu’ils proposent commencent au Do, note associée au chakra racine, pour monter jusqu’au Si associé au chakra couronne.

Les bols modernes, fabriqués au tour, délivrent un son pur et facile à calibrer. Mais aucun d’entre eux, aussi pur qu’en soit le son, ne possède les différentes harmoniques et la profondeur des authentiques bols himalayens.
Les analyses chimiques de l’alliage confirment la tradition selon laquelle 7 métaux étaient employés, chacun correspondant à la fois à une planète et à un chakra. L'astrologie était fort usitée pour déterminer le moment adéquat pour faire chanter les bols. Certains bols, cependant, en contiennent 6 ou 8, certains à l’état de traces, ce qui s’explique par l’utilisation de métaux peu raffinés.

• Or : Soleil – associé au Chakra de la Couronne (Sahasrara)
• Argent : Lune – associé au chakra du Front (Ajna)
• Mercure : Mercure – associé au chakra de la Gorge (Visuddha)
• Cuivre : Vénus – associé au chakra du Coeur (Anahata)
• Fer : Mars – associé au chakra du Plexus Solaire (Manipura)
• Etain : Jupiter – associé au chakra de la Rate (Svadhisthana)
• Plomb : Saturne – associé au chakra Racine (Muladhara)

 

Tous les bols ne contiennent pas forcément les mêmes proportions de ces métaux, ce qui explique les différences d’aspect, du noir mat au doré le plus brillant. On rapporte que les bols les plus « puissants » contenaient du fer météorique, récolté en altitude. On connaît plusieurs météorites ferreuses d’origine himalayenne, dont l’analyse montre la présence de métaux rares à l’état de traces.

L’aspect le plus troublant concerne la fusion de cet alliage. Selon un ingénieur, ces alliages « à froid » ne seraient pas possibles à réaliser artisanalement en France, sauf peut-être en haut du Mont Blanc.
Il faut tenir compte du fait que cette fusion était réalisée en altitude, parfois à plus de 5000 m, où les réactions physiques d’ébullition et de fusion sont très différentes de celles observées au niveau de la mer. Là encore, témoignages et documents font cruellement défaut, les moines forgerons Bôn ayant fait les frais de l’extermination menée par le gouvernement chinois.